La 33ème Escadre de Reconnaissance

Article paru dans Air Actualités n°426 (Novembre 1989) + extraits des brochures des escadrons

Ecusson de l'ER 1/33 Belfort
Ecusson de l'ER 2/33 Savoie

La 33ème Escadre de Reconnaissance est l'héritière des traditions du 33ème Régiment d'Aviation de l'Armée du Rhin. Ce régiment compte quatre groupes d'observation sur Breguet 14A2 et un groupe de chasse sur Nieuport 29. La 13ème escadrille du 4ème groupe perpétue les traditions de la BR 11 (La Cocotte).
Le 5ème groupe est constitué de la 15ème escadrille SAL 33, insigne Hache d'A. Bordage, et de la 16ème escadrille, insigne Mouette du Rhin. Le régiment stationne près de Mayence et s'équipe de Breguet 19A2 à partir de 1926.

Le 30 Mai 1930, le 33ème RA est dissous et le 5ème groupe s'installe à Nancy pour neuf ans. Le 1er Novembre 1930, le 33ème RA est reconstitué avec trois groupes de reconnaissance; le 5ème groupe devient le n°3. En Juillet 1932, le 33ème RA devient la 33ème Escadre avec seulement deux groupes. Le 1er groupe est constitué des escadrilles Cocotte et Panthère, et le 2ème groupe réunit la Hache et la Mouette.

En Mai 1933, les Breguet 19A2 sont remplacés par des Potez 25A2. En Novembre 1936, le 2ème groupe touche des Potez 542, puis des Potez 540, en Mars 1939 des Potez 637 triplaces et en Novembre 1939 des Potez 63/11. L'arrivée des Marcel Bloch 174 intervient en Mars 1940.

A la veille de la mobilisation, la 33ème Escadre disparaît et chaque groupe reprend son autonomie. Le 1er groupe, engagé du 4 Septembre 1939 jusqu'au 17 Juin 1940, est dissous à Sétif le 29 Juillet 1940.

Le groupe II/33 prend comme insigne la Croix de Lorraine, montée avec les deux insignes d'escadrilles la Hache et la Mouette. Il devient le Groupe de Reconnaissance Stratégique et, le 20 Juin 1940, passe en Afrique du Nord. En 1942, après le débarquement allié, le II/33 reprend le combat sur Bloch 174.
Ces deux escadrilles la Hache et la Mouette prendront part à la campagne d'Italie puis à la libération du territoire national.

Le Groupe de Reconnaissance III/33 Périgord est créé à Cognac le 16 Novembre 1944. Equipé de Fieseler Storch et de P-63 Kingcobra, il est intégré aux forces aériennes de l'Atlantique. Il participe à la neutralisation de la poche de Royan et est dissous à l'armistice.

En Février 1945, les deux groupes se retrouvent sur le terrain de Colmar et dépendent alors du 1er Corps Aérien Français. Puis vient la cessation des hostilités et l'occupation de l'Allemagne. Dotée de F-5G Lightning et de P-51 Mustang, la 33ème Escadre stationne à Fribourg en Brisgau jusqu'en 1950, date à laquelle elle part à Cognac.

Le 19 Août 1952, la 33ème Escadre de Reconnaissance reçoit ses premiers F-84G Thunderjet. Les RF-84F Thunderflash arrivent dans l'unité le 5 Novembre 1955. Le 1er Avril 1955 est créé l'Escadron 3/33 Moselle qui reprend les traditions de l'escadrille Cocotte.

La 33ème Escadre de Reconnaissance prend part à la campagne de Suez durant le quatrième trimestre 1956. C'est l'opération Mousquetaire. Avec les équipages du 1/33 Belfort, le 4/33, constitué à cette occasion, représente la reco française à Suez.

Dans le cadre du maintien de l'ordre en Algérie, la 33ème Escadre de Reconnaissance parraine les Escadrilles d'Aviation Légère d'Appui 11/72 et 16/72 jusqu'à Juin 1962.

Dotée de RF-84F, la 33ème Escadre de Reconnaissance occupe en Juillet 1957 la base aérienne de Lahr Hugsweier. En Septembre 1959, un de ses escadrons fait mouvement. Elle fait mouvement elle-même avec un 2ème escadron en Mars 1960 sur la base de Strasbourg-Entzheim, le 3ème escadron restant à Lahr. Ce dernier, le 1/33, part le 5 Juin 1961 à Luxeuil et s'installera à Strasbourg-Entzheim en Janvier 1967.

Les premiers Mirage IIIR arrivent à la 33ème Escadre de Reconnaissance en Janvier 1963, les Mirage IIIRD en Avril 1968 et les Mirage F1CR à partir de Novembre 1985. A partir du 17 Mars 1986, l'Escadre participe à l'opération Epervier au Tchad et à l'exercice Red Flag aux Etats-unis en Février 1987.


ER 1/33 Belfort

L'Escadron de Reconnaissance ER 1/33 est composé des escadrilles SAL 33, EALA 9/72 et BR 244
 
Ecusson de la SAL 33
Ecusson de l'EALA 9/72
Ecusson de la BR 244

L'escadrille MF 33 est créée à Tours le 2 Octobre 1914 sous le ommandement du Capitaine Alfred Bordage. Le choix de l'insigne de cette escadrille est obtenu par le jeu de mots La Hache d'A. Bordage. D'abord sur Farman F40 puis sur Salmson en 1917, la MF 33 devient SAL 33. Entre les deux guerres elle sera la 3ème escadrille du 3ème Régiment d'Observation le 1er Janvier 1920, la 15ème escadrille du 33ème RA et la 3ème escadrille du GR II/33, d'abord au 33ème RA le 1er Novembre 1930, puis à la 33ème Escadre en Juillet 1932. L'escadrille la Hache prend part à la campagne de France sur Bloch 174, Potez 63 11 et Potez 63 7 comme étant la 1ère escadrille du groupe autonome GR II/33. Elle se replie ensuite le 20 Juin 1940 en Afrique du Nord.

En Novembre 1942, après le débarquement allié, elle reprend le combat sur Bloch 174. Elle est transformée sur F-5G Lightning. A partir de Mars 1943, elle quitte le groupe II/33 pour terminer son entraînement au sein d'une unité de l'USAAF et se spécialise définitivement dans la reconnaissance photographique. Elle est détachée au Photo US Group commandé par le Colonel Roosevelt et, de Juillet à Décembre 1943, fait des missions de grande reconnaissance sur la France.
Puis c'est la campagne d'Italie. L'escadrille La Hache arrive dans ce pays en Décembre 1943. Elle est alors rattachée au 3rd Photo Group et au 12th Squadron.
C'est au sein de cette escadrille que le Commandant Antoine de Saint-Exupéry a repris son métier de pilote de guerre. Il disparaît le 31 Juillet 1944 au cours d'une mission sur sa terre natale.

Le combat continue en France. Le 1er Janvier 1945, l'escadrille devient le  Groupe de Reconnaissance I/33 Belfort et passe sous le commandement de la 33ème Escadre reconstituée à cette date.

Stationnant à Colmar en Février 1945, à Fribourg après l'armistice, à Cognac en 1950, à Lahr en Juillet 1957, à Luxeuil en Juillet 1961, le 1/33 rejoint Strasbourg-Entzheim en Janvier 1967. Depuis le 1er Mai 1964, il conserve la dénomination ER 1/33 Belfort.

Le 31 Juillet 1993, il reçoit des nouvelles escadrilles, à savoir les EALA 9/72 Petit Prince et BR 244 Léopard.

Dernière date importante dans l'histoire de l'escadron : il quitte la base de Strasbourg pour celle de Reims le 25 Avril 1994.


ER 2/33 Savoie

Ecusson de la BR 11
Ecusson de la SAL 06
Ecusson de la C 53

Les traditions de l'ER 2/33 remontent à 1912 avec la création de l'escadrille D 6 à Reims sur Deperdussin, qui devient C 6 le 1er Mars 1915 sur Caudron et SAL 6 le 1er Janvier 1918 sur Salmson. Le 18 Juillet 1919, cette escadrille est dissoute alors qu'elle stationne en occupation en Allemagne. Le 1er Juillet 1920, les traditions de la SAL 6 sont reprises par la 16ème escadrille du 5ème groupe du 33ème Régiment d'Aviation de l'Armée du Rhin. C'est durant cette période que la Mouette (très répandue l'hiver dans la région de Mayence) est choisie comme insigne.

Le 1er Janvier 1924, le 33ème Régiment d'Observation de l'Armée du Rhin devient le 33ème Régiment d'Aviation Mixte. L'Escadrille SAL 6 stationne à Nancy de 1930 à 1939. La SAL 6 devient la 4ème escadrille du 4ème groupe du 33ème RA le 1er Novembre 1930 et la 4ème escadrille du 2ème groupe de la 33ème Escadre en Juillet 1932. Le 27 Août 1939, le groupe quitte Nancy pour s'installer à Rouvres. Il sera désormais connu sous le nom de 2/33 et prend comme insigne la Croix de Lorraine en sovenir de son passage à Nancy.

L'escadrille Mouette prend part à la campagne de France au sein du Groupe Autonome de Reconnaissance II/33 et elle se replie en Afrique du Nord le 20 Juin 1940.

Après le débarquement allié, le 2/33 s'équipe de nouveaux matériels : des Hurricane fin 1943 et des Spitfire Mk V en Mars 1944. Le 3 Novembre 1943, le nom de Savoie lui est attribué par décision de l'Etat-Major. Il participe à la campagne de Tunisie, débarque en Italie en Mai 1944 et lutte aux côtés du 11th TAC/R Squadron américain. Ensuite, c'est la campagne de France. L'échelon volant de l'escadrille se pose à Ramatuelle le 20 Août 1944 : le 2/33 est alors la première unité de l'Armée de l'Air à revenir sur la terre de France.

Le 1er Janvier 1945, la 4ème escadrille du 2/33 (Mouette), séparée de la 3ème escadrille (Hache, qui formera le noyau du 1/33 Belfort), devient le Groupe de Reconnaissance Tactique 2/33 Savoie, dont l'insigne sera la Croix de Lorraine montée avec la mouette et l'écusson de la Savoie. Equipé de P-51 Mustang en Février 1945, il stationne par la suite là où se trouve la 33ème Escadre de Reconnaissance. Ainsi, de 1945 à 1950,  il se trouve sur le terrain de Fribourg, puis, de 1950 à 1956, sur celui de Cognac.

En Octobre 1952, le groupe devient Escadron de Reconnaissance Tactique 2/33 Savoie, puis Escadron de Reconnaissance 2/33 Savoie le 1er Janvier 1954; son insigne est la mouette du Rhin.

Du 16 Avril 1957 au 1er Avril 1960, l'escadron stationne à Lahr avant de rejoindre la base de Strasbourg Entzheim. Depuis, il participe aux différentes opérations nécessitant la mise en oeuvre de la compétence photo de l'Armée de l'Air, notamment au Tchad, dans la Guerre du Golfe, au-dessus de l'ex-Yougoslavie.

Le 31 Juillet 1993, la 33ème Escadre de Reconnaissance est dissoute, et, le lendemain, l'ER 2/33 est restructuré, composé des escadrilles Mouette, Cocotte et C 53.

L'escadrille C 53 est constituée le 10 Mai 1915 à Lyon-Bron sur Caudron. Elle partipe aux batailles de Verdun, de la Somme et de l'Aisne, et reçoit la Croix de Guerre avec étoile puis avec palme. Elle est autorisée au port de la fourragère en Octobre 1918. Elle est dissoute en Novembre 1942 puis recréée à Strasbourg le 1er Août 1993.

Le 25 Avril, il rejoint la base de Reims, avec l'ER 1/33 Belfort.


ER 3/33 Moselle

L'escadrille 11 est créée le 10 Juin 1913 à la Brayelle, près de Douai. Elle est équipée de six Caudron G3 et prend donc le nom de C 11. L'escadrille, commandée par le Lieutenant Pegat, déménage pour Montmédy (Meuse) le 30 Juillet 1914. La C 11 est mise à la disposition du 2ème Corps d'Armée et participe à la bataille de la Marne. Ses avions réalisent des prises de vue, observent les mouvement ennemis, règlent les tirs d'artillerie et bombardent les troupes allemandes en lançant des fléchettes. La C 11, stationnée à Verdun depuis le 30 Mars 1915, se dédouble pour donner naissance à la C 51. Le 26 Juin 1915, le Capitaine Vuillemin arrive à la tête de l'escadrille. Rapidement, ce chef énergique fait de son unité un groupe performant et homogène. En Juillet, les Caudron G4, plus modernes, sont livrés, et la C 11 se déplace sur la piste d'Ancemont, plus longue, ces changements ne freinant pas l'activité opérationnelle sur le champ de bataille. La première victoire aérienne est remportée le 12 Septembre 1915 par l'équipage Vuillemin/Dumas. Le 20 Septembre, malgré une météo médiocre, les troupes françaises lancent une offensive en Champagne, soutenues par les avions de la C 11, ce qui vaut à l'escadrille sa première citation.

De Février 1916 à la fin de la guerre, la C 11 est l'escadrille organique du 2ème CA. Sous le commandement du Capitaine Vuillemin, elle devient une prestigieuse unité de reconnaissance. A partir de 1916, elle effectue même des bombardements de nuit. Juillet 1916 la retrouve à Villers-Bretonneux pour la bataille de la Somme. C'est à ce moment que naît la Cocotte. Des deux cocottes jaunes peintes sur les flancs d'un camion, les pilotes choisissent de garder l'insigne, rouge pour être plus visible et regardant vers l'arrière pour surveiller l'arrivée d'un chasseur ennemi. Cette cocotte deviendra l'insigne personnel de Vuillemin et aussi celui de l'escadrille C 11.

Elle poursuit les combats et se déplace en suivant le 2ème CA. Outre les missions de reconnaissance, le capitaine Vuillemin effectue inlassablement des missions de chasse sur l'unique triplace Letord 6, obtenant une victoire aérienne le 29 Juillet 1917. En Novembre, la C 11 perd ce chef prestigieux, muté à la tête du 5ème Groupe de Bombardement. En Novembre également, l'escadrille reçoit des Breguet 19 et devient donc la BR 11. L'unité participe aux combats de la grande contre-offensive de Champagne qui débute le 26 Septembre 1918, ce qui la mène jusqu'à Lunéville le 20 Octobre pour l'assaut final sur Metz et Sarrebrück. Après l'armistice, la BR 11 est regroupée avec d'autres unités d'occupation en Rhénanie au sein du 33ème Régiment d'Aviation, créé le 1er Août 1920. Sa mission principale est la photographie au profit de la mission interalliée de contrôle des usines et des mines.

Le 30 Mai 1930, à la fin de l'occupation, le 33ème RA rejoint le terrain de Nancy. En 1932, dans le cadre de la réorganisation des Forces Aériennes, la Cocotte devient la 1ère escadrille du Groupe de Reconnaissance I/33. De 1933 à 1935, le matériel aérien se modernise : Potez 25, Potez 540/542 et enfin Potez 63/7.

Le 3 Septembre 1939, à la déclaration de guerre à l'Allemagne, le GR I/33 est basé à Saint-Dizier. La première reconnaissance, nocturne, est réalisée par un Potez 542 le 5 Septembre 1939 et, le 20 Septembre, la BR 11 perd l'équipage du Capitaine Schneider, abattu par la DCA ennemie. Les missions se succèdent et, le 16 Octobre, c'est l'équipage du Lieutenant Caton qui est abattu dans la vallée du Rhin. Les Potez 542, trop vieux, sont renvoyés à l'arrière, simultanément avec la mise en service des Potez 63/11, dotés du nez vitré pour la reconnaissance photographique et visuelle. Le 24 Novembre 1939, le GR I/33 du Commandant Valin est cité à l'ordre de l'Armée. Il compte, en deux mois, 61 missions de reconnaissance pour 112 heures de vol dont 36 de nuit.

Le 20 Décembre, profitant d'une météo favorable, le Lieutenant de Forges et son équipage partent en reconnaissance vers Kaiserslautern et sont interceptés et descendus par une patrouille de Messerschmitt 109. De Forges et son mitrailleur, l'Adjudant Tourel, sont rapatriés sanitaires en 1941, alors que l'observateur, le Lieutenant Navelet, reste en captivité. De Forges sera tué en combat au sein du groupe Normandie Niemen en Russie, Tourel rejoindra le groupe I/22, sur B26 Marauder, pour les campagnes d'Italie et de France.

La bataille de France met brutalement fin à la drôle de guerre le 10 Mai 1940. Le GR I/33 quitte Dole-Tavaux qu'il avait rejoint pour s'entraîner sur Marcel Bloch 174 et s'installe au nord-est de Neufchâteau, dans les Vosges. Les 3 et 9 Juin, deux Bloch 174 s'écrasent au décollage, tuant cinq des six membres d'équipage. Le groupe doit se replier dans le sud de la France et les déménagements se succèdent : Châlon sur Saône, Saint-Yann, Feurs. Le 17 Juin, un équipage parti de ce terrain ne rentre pas, c'était la dernière mission de guerre du groupe.

Le 18 Juin 1940, le GR I/33 est à Lézignan, le 19 à Marignane et le 21 il s'envole par-dessus la Méditerranée pour se poser à Sétif en Tunisie. Après une période d'incertitude, le GR I/33 reçoit l'ordre de rentrer en France, les Bloch 174 sont laissés au GR II/33 qui poursuivra ses vols en Tunisie. Seuls les Potez 63/11 et les derniers Potez 63/7 rentrent en métropole à Istres, après une escale en Corse à Calvi. Le 30 Août 1940, le GR I/33 est officiellement dissous et, avec lui, la Cocotte de la 1ère escadrille et la Panthère de la 2ème escadrille (BR244) disparaissent du ciel français.

En 1955, la 33ème Escadre de Reconnaissance stationne sur la base de Cognac. Le 1er Avril 1955, l'Escadron de Reconnaissance Tactique ERT 3/33 est créé, sous le commandement du Commandant Lebrun. Le 3/33 dépend à ce moment du 2/33 pour son administration et ne compte encore que trois pilotes. Ceux-ci cherchent un insigne de tradition pour leur nouvel escadron. Ils choisissent la Cocotte de la BR 11, riche d'un passé glorieux pour la reconnaissance. L'insigne est homologué sous le numéro A673 en Février 1956. En prévision d'un déménagement prochain vers Nancy-Ochey, le nom de Moselle est préféré à Cognac, respectant la tradition des FAFL dont les unités portaient des noms de provinces françaises depuis 1941.

L'ERT 3/33 Moselle est équipé de 11 F-84G Thunderjet cédés par l'ERT 1/33. Le F-84G est un monoplace subsonique américain, emportant deux caméras dans le fuselage et une dans l'avant du bidon de bout d'aile gauche. En Novembre 1956, le 3/33 échange ses dix-huit F-84G contre des RF-84F Thunderflash, nettement plus performants (Mach 1,17), dotés d'une voilure en flèche et surtout d'un nez photo contenant plusieurs caméras. Le RF-84F est aussi plus lours, l'atterrissage se fait à près de 135 noeuds, et les pilotes utilisent fréquemment le parachute frein, équipement inconnu sur le Thunderjet. Pour décoller à pleine charge, les pilotes utilisent les fusées d'appoint JATO.

En Septembre 1957, par un détour mystérieux des dotations en matériel aérien, le 3/33 reçoit une douzaine de F-84F Thunderstreak. C'est la version chasse du RF-84F, dépourvu du nez photo, ce qui limite les pilotes à n'effectuer que des reconnaissances à vue. Thunderflash et Thunderstreak cohabitent sur les parkings du 3/33 jusqu'au retrait de ces derniers en Septembre 1958, un an pile après leur arrivée. A cette date, le 3/33 quitte Cognac, non pas pour Nancy-Ochey, mais pour Lahr, en RFA. L'escadron conserve cependant son appellation de Moselle. Septembre 1959 voit le 3/33 s'envoler pour Strasbourg-Entzheim, où le premier RF-84F se pose le 2, suivi par treize autres appareils de l'escadron. La base aérienne 124 est inaugurée le 5 Novembre suivant, mais ce n'est qu'en Mai 1960 que la 33ème Escadre de Reconnaissance au complet se retrouve en Alsace.

1963 ouvre l'ère des Mirage pour la 33ème Escadre de Reconnaissance. En Janvier, les premiers pilotes partent à la section Mirage III du CEAM de Mont de Marsan. En Mars 1963, six Mirage IIIB sont livrés en premier au 3/33, suivis le 7 Juin par le premier Mirage IIIR. La dotation s'établit à six Mirage IIIB et douze Mirage IIIR, les derniers RF-84F sont rendus fin Février 1963. Le 14 Juin 1963, la Cocotte fait la une de la presse française, Jacqueline Auriol bat le record féminin de vitesse sur circuit fermé de 100 km (vitesse moyenne de 2 030 km/h) sur le Mirage IIIR n°307 aux couleurs de 3/33. Dès qu'il est opérationnel, le 3/33 participe aux nombreux exercices et compétitions français et alliés. En 1965, les IIIB quittent le 3/33 et le 1er Avril 1968, l'escadron reçoit les tout nouveaux Mirage IIIRD qui est une évolution du Mirage IIIE.

Dès Novembre 1970, le 3/33 met en oeuvre le Cyclope : il s'agit d'un bidon ventral de 1 100 l, dont la pointe avant contient un détecteur infrarouge qui permet les prises de vue nocturnes par temps clair. Puis la mission de l'escadron évolue encore en Octobre 1976 avec la mise en service de la nacelle SLAR (Side Looking Airborne Radar) contenant également une tête Cyclope IR, qui offre au 3/33 la capacité reco tout temps de jour comme de nuit. Le parc aérien évolue en 1978 avec le retour de trois puis quatre Mirage IIIR en complément des onze Mirage IIIRD. En 1988, le 3/33, dernier escadron de la 33ème Escadre de Reconnaissance à voler sur Mirage III, est transformé à son tour sur Mirage F1CR. 35 Années se sont écoulées sur Mirage III R, Rd et B lorsque le IIIRD n°358 effectue son dernier vol le 12 Juillet 1988.

En Octobre 1990, la 33ème Escadre de Reconnaissance se déploie à Al Ahsa dans le cadre de l'opération Daguet où elle effectue 874h35 de vol en 479 missions de reconnaissance avant le début de l'offensive aérienne. Après le déclenchement de l'opération Desert Storm le 17 Janvier 1991, les pilotes des ER 1/33, 2/33 et 3/33 réalisent 97 missions de reconnaissance et de bombardement sur l'Irak.

En Juillet 1991, la zone d'exclusion est créée au nord de l'Irak pour la sécurité des populations kurdes; la 33ème Escadre de Reconnaissance détache huit avions à Incirlik en Turquie (opération Aconit) puis, en Avril 1993, c'est le déclenchement de l'opération Crécerelle qui amène un autre détachement à Istrana (Italie) pour les vols de surveillance au-dessus de la Bosnie. Les pilotes de la Cocotte participent régulièrement à ces missions. L'été 1993 verra la mise en sommeil de l'ER 3//3 Moselle : l'Armée de l'Air change la structure de ses escadrons de combat et les pilotes, mécaniciens et avions du 3/33 vont être affectés aux ER 1/33 et 2/33 qui passent ainsi de 18 à 28 pilotes et de 15 à 20 avions. Si le 3/33 disparaît, la Cocotte, elle, reste bien vivante comme seconde escadrille du nouvel ER 2/33 Savoie.
 
 
Implantations successives de la 33ème Escadre de Reconnaissance

 
Fribourg en Brisgau de 1945 jusqu'en Mai 1950
Cognac de Mai 1950 à Juillet 1957
Lahr Hugsweier de Juillet 1957 à Mars 1960
Strasbourg-Entzheim depuis Mars 1960

 
Avions successivement utilisés par la 33ème Escadre de Reconnaissance

 
F5G Lightning jusqu'au 12 Juillet 1952
P51 Mustang jusqu'au 12 Juillet 1952
F-84G Thunderjet du 29 Août 1952 au 15 Novembre 1956
RT33 du 1er Août 1955 (2/33) au 3 Juin 1982
F-84F Thunderstreak de Novembre 1956 à Mars 1958
RF-84F Thunderflash du 8 Novembre 1959(1/33) au 3 Juillet 1966
Mirage IIIB du 18 Mars 1963 au 22 Décembre 1965
Mirage IIIR du 7 Juin 1963 (3/33) à Février 1988
Mirage IIIRD du 1er Avril 1968 à Juillet 1988
Mirage F1CR depuis le 7 Septembre 1983

 
Appellations sccessives des escadrons de la 33ème Escadre de Reconnaissance

 
ER 1/33 Belfort  
GR I/33 Belfort du 1er Janvier 1945 à Février 1953
ERT 1/33 Belfort de Février 1953 au 1er Mars 1964
ER 1/33 Belfort depuis le 1er Mai 1964
ER 2/33 Savoie  
GR II/33 Savoie du 1er Janvier 1945 à Février 1953
ERT 2/33 Savoie de Février 1953 à Janvier 1954
ER 2/33 Savoie depuis Janvier 1954
ER 3/33 Moselle  
ERT 3/33 Moselle du 1er Avril 1955 à Septembre 1965
ER 3/33 Moselle de Septembre 1965 à Juillet 1993

 
Groupes ou escadrons ayant appartenu à la 33ème Escadre de Reconnaissance

 
ER 4/33 - Opération Mousquetaire à Suez de Septembre à Décembre 1956

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