La 2ème Escadre de Chasse

Ecusson de l'EC 1/2 Cigognes
Ecusson de l'EC 2/2 Côte d'Or
Ecusson de l'EC 3/2 Alsace

Article paru dans Air Actualités n°451 (Avril 1992) + extraits des brochures des escadrons

C'est au début de la Grande Guerre, en Avril 1916, que trois escadrilles, la SPA 3, la N65 et la N103, forment sous les ordres du Capitaine Brocard le groupement des escadrilles de combat de la Somme pendant la célèbre bataille du même nom.

A la création de la division aérienne le 1er Mai 1918, instaurée par le Colonel Charles Duval, naît l'Escadre de Chasse n°2 au sein du groupement Féquant qui réunit les groupes de combat GC 13 (SPA 15, 65, 84 et 88), GC 17 (SPA 77, 88, 91, 100 et HD 174) et GC 20 (SPA 68, 99, 158, 159 et 162). L'acronyme HD désigne les escadrilles dotées des appareils Henriot Dupont. La SPA 57 appartient au GC 11 qui s'inscrit dans les formations de réserve générale.

En Février 1919, dans le cadre de l'occupation de la Rhénanie, le Commandant Brocard prend le commandement de cette escadre n°2 qui englobe également à cette date le célèbre groupe des Cigognes, le GC 12 (SPA 3, 26, 67, 103 et 167). L'Escadre de Combat n°2 devient en Mai 1919 le Groupement de Chasse n°2 constitué de trois groupes à trois escadrilles : le GC 12 à Spire, le GC 13 à Germersheim et le GC 17 à Darmstadt.

Le 28 Octobre 1919, quelque deux cents avions de chasse venant d'Allemagne se posent à Strasbourg-Neudorf et, le 1er Janvier 1920, le 2ème Régiment d'Aviation de Chasse (2ème RAC) est constitué sur ce même terrain. Sa flotte, à l'époque, se compose de Spad VII, XIII et XX biplaces. Le renom des dix escadrilles de ce régiment (SPA 3, 26, 103 et 15, qui en constituent le 1er Groupe, SPA 65, 84, 57 et 77 pour le 2ème Groupe, HD 174 et SPA 124 pour le 3ème Groupe) se traduit simplement par l'empreinte de quelques noms de grandes figures de l'aviation militaire : Guynemer, Deullin, Dorme, de la Tour, Heurtaux pour la SPA 3; Chaput et Noguès pour la SPA 57; Nungesser pour le SPA 65; et Fonck pour la SPA 103.

En 1924, les SPA 15 et 77 sont intégrées au sein du groupe de chasse du nouveau 32ème Régiment d'Aviation Mixte mis sur pied à Dijon. Les Nieuport Delage 29 relèvent les vieux Spad du 2ème RAC. En 1928, le régiment est doté de Blériot Spad 81 qui seront remplacés, un an après, par les Nieuport 62 et 622.

Le 13 Septembre 1933, le 2ème RAC quitte Strasbourg suite à sa dissolution. Dès lors est créée à Tours la 2ème Escadre de Chasse avec comme premier groupe les SPA 3 et 103 et comme deuxième groupe les SPA 65 et 57. Pour les autres escadrilles du 2ème RAC, les SPA 26 et 124 formeront, quelque temps plus tard, le 2ème groupe de la 6ème Escadre de Chasse à Reims. La SPA 84 constituera, quant à elle, la première escadrille du Groupe Autonome d'Afrique à Bizerte Sidi-Ahmed. Seule la HD 174 sera définitivement dissoute le 13 Décembre 1933.

Le jour de Noël 1936, la 2ème Escadre, devenue 2ème Escadre d'Aviation Légère de Défense, quitte Tours pour Chartres et s'inscrit à la 21ème brigade du deuxième corps aérien du même nom. Début 1937, elle troque ses Nieuport 62 pour des Dewoitine 500.

En 1939, le conflit est imminent; l'Escadre se transforme de toute urgence en Avril sur Morane Saulnier 406 (MS 406) et, le 1er Mai, son troisième groupe est créé avec les escadrilles SPA 83 et 100. A la fin du mois d'Août, les trois groupes I/2, II/2 et III/2, devenus autonomes, rejoignent leur théâtre d'opération respectif : Beauvais-Tillé, Clermont les Fermes et Cambrai-Niergnies; l'Escadre est dissoute.

A l'issue de la "drôle de guerre" et après quelques combats, les Groupes sont respectivement stationnés à Toul-Ochey, Laon-Chambry et Cambrai. Dès l'offensive allemande du 10 Mai, ils sont engagés, mais doivent bientôt se replier vers le sud de la France.

Le palmarès de victoires (28 pour le I/2, 39 pour le II/2 et 46 pour le III/2) ne change en rien l'issue tragique de la bataille de France. A la suite de l'Armistice, les deux premiers groupes sont dissous le 20 Août 1940 à Nîmes-Courbessac. Le III/2, transformé sur Marcel Bloch MB 152 au début du mois de Juin et ayant franchi la Méditerranée, subit le même sort conq jours plus tard à Oran la Sénia.

Le groupe de chasse I/2 (SPA 3 et 103) est reconstitué le 1er Juillet 1941 sur Dewoitine 520 à Châteauroux et son transfert en Afrique du Nord n'intervient que le 10 Novembre 1942, soit au moment du débarquement allié. Successivement stationné à Bizerte Sidi Ahmed, à Fès puis à Meknès, le groupe rejoint la RAF et l'Ecosse en Janvier 1944. Sous la dénomination de Squadron 329, il reprend le combat sur Spitfire le 3 Mars jusqu'à la victoire finale. Les Cigognes opèrent au sein du 145th Wing aux côtés de l'Alsace, premier groupe FAFL créé le 1er Septembre 1943.

Après la guerre, les groupes du 145th Wing forment à Friedrichshafen, en Novembre 1945, la 2ème Escadre de Chasse qui, très momentanément, comprend cinq groupes, tous issus de la Royal Air Force : les GC I/2 Cigognes (SPA 3), II/2 Alsace, III/2 Berry (SPA 103) et IV/2 Ile de France. Le II/18 Saintonge se retrouve provisoirement rattaché à l'Escadre.

En Avril 1946, la 2ème Escadre se réduit à deux groupes. Le Berry qui avait repris le fanion et les traditions de la SPA 103 disparaît en tant que groupe et redevient alors la 2ème escadrille du GC I/2 Cigognes. Les pilotes du groupe IV/2 Ile de France se répartissent dans les deux groupes restants, les traditions et le fanion de cette unité étant repris un peu plus tard par le groupe II/5 basé à la Reghaia. Quant au II/18 Saintonge, il est dissous.

La 2ème Escadre de Chasse composée des GC Cigognes et Alsace participe ensuite sur Spitfire aux opérations en Indochine, du 3 Août 1946 au 19 Septembre 1947. Séparés dès leur arrivée, les groupes, voire même les escadrilles, sont engagés aussi bien au Laos qu'en Cochinchine, au Tonkin ou au Centre-Annam. La croix de guerre TOE (Théâtres d'Opérations Extérieures) concrétise l'action menée en Extrême-Orient par cette escadre. Il est à noter que durant cette campagne, le I/3 Corse sur Mosquito est rattaché momentanément à la 2ème Escadre. Elle y est remplacée par la 4ème Escadre de Chasse.

Début 1948, les groupes I/2 et II/2 regagnent à nouveau Friedrichshafen puis Coblence, où ils s'équipent de P-47D Thunderbolt. Première escadre de chasse à être transformée sur avions à réaction, les De Havilland Vampire FB5, la 2 s'installe à Dijon-Longvic en 1949 et défile au-dessus de Paris le 14 Juillet de cette même année.

Réorganisée en Octobre 1949, l'Escadre passe de deux groupes à quatre escadrons à deux escadrilles : les EC 1/2 Cigognes (SPA 3 et 103), 2/2 Alsace (Mulhouse et Strasbourg), 3/2 Côte d'Or (SPA 31 et 94) et 4/2 Coq Gaulois (SPA 48 et 62).

Période faste pour le renom de la 2ème Escadre de Chasse. Le 1er Mai, au cours du meeting national de Villacoublay, le commandant Le Groignec effectue la première démonstration française sur avion à réaction. Le 7 Mai apparaît à Chalon sur Saône la première patrouille acrobatique aux cocardes tricolores sur jets, à sept avions, sous les ordres du Commandant Gabriel Gauthier. Enfin, le 11 Juin 1950, au meeting national d'Orly, c'est l'apothéose avec la présence de 24 Vampire de la 2 en patrouille serrée.

L'EC 4/2 est dissous le 1er Octobre 1950. A cette date, le Côte d'Or reprend les traditions et les fanions des SPA 65 (Chimère d'Argent) et 57 (Mouette) de l'ancien GC II/2, et devient l'EC 2/2 Côte d'Or, alors que l'Alsace devient EC 3/2.

Les Ouragan (MD 450), premiers avions de combat à réaction français, remplacent les Vampire en Août 1953. Trois ans plus tard, l'Escadre reçoit les Mystère IVA, premiers avions de chasse supersoniques français. Au début de l'année 1956, les opérations de maintien de l'ordre en Algérie amènent la création d'Escadrilles d'Aviation Légère d'Appui (EALA). La 2ème Escadre de Chasse parraine les EALA 1/72 et 8/72. C'est également au cours de cette même année que la 2ème Escadre de Chasse participe à la campagne de Suez, dans le cadre de l'opération Mousquetaire, et envoie au Proche-Orient 18 appareils qui formeront le squadron 199 chargé de la couverture aérienne de la partie méridionale d'Israël, lesquels seront engagés à plusieurs reprises contre l'Egypte. Ces opérations prennent fin le 5 Novembre, alors que commencent celles d'Algérie. Le 10 Novembre 1957, l'EC 2/2 Côte d'Or est dissous. Les escadrilles parrainées d'Algérie, équipées de T-6G, fusionnent en 1959 pour former l'Escadron d'Aviation Légère d'Appui 2/2 qui opérera jusqu'en 1962.

Depuis 1957, la 2ème Escadre de Chasse a aussi l'honneur de mettre en oeuvre la Patrouille de France. Elle le fait jusqu'en 1962 et évoluera jusqu'à une formation de douze Mystère IVA. Autre grande première pour la 2ème Escadre : l'arrivée des Mirage IIIC, avions de chasse bi-soniques. C'est en effet l'EC 1/2 qui inaugure le 7 Juillet 1961 l'ère de ce fabuleux appareil et celui du delta pour l'Armée de l'Air. L'Alsace suivra dans la foulée et recevra les siens en Décembre de la même année. Depuis, l'Escadre assure la police du ciel et la permanence H24 de la défense aérienne du territoire, fonction qu'elle partagera avec la 13ème Escadre une fois que celle-ci sera équipée à l'identique, l'année suivante.

En 1964, la 13ème Escadre troque ses Mirage IIIC contre les nouveaux Mirage IIIE, et reverse ces premiers à la 2, qui peut alors mettre sur pied un troisième Escadron. Recréé en Avril 1965, le Côte d'Or reprend naturellement les traditions des escadrilles SPA 65 et 57. Un an après, devenu Escadron de Chasse et de Transformation (ECT) et ayant pour mission d'instruire tous les futurs pilotes de Mirage III, il reçoit des Mirage IIIB.

Deux ans plus tard, en 1968, la 2ème Escadre de Chasse débute sa transformation sur Mirage IIIE, l'EC 3/2 Alsace précédant l'EC 1/2 Cigognes.

C'est en Octobre 1972 qu'est décidée la création d'une troisième escadrille au sein du Côte d'Or, celle-ci reprend les traditions de la SPA 94 La Mort qui fauche, suite à la perception de Mirage IIIBE. En 1974, l'ECT 2/2 reçoit la médaille de l'aéronautique.

Première unité sur Mirage 2000C de défense aérienne, le 2 Juillet 1984, pour le jubilé de l'Armée de l'Air, la 2ème Escadre de Chasse, totalement équipée de ces intercepteurs depuis le 27 Juin 1986, demeure le reflet de cette jeune armée, de sa modernité, mais aussi de ses traditions déjà bien établies.


EC 1/2 Cigognes

L'Escadron de Chasse 1/2 est composé des escadrilles SPA 3, SPA 103 et SPA 12.
 
Ecusson de la SPA 3
Ecusson de la SPA 103
Ecusson de la SPA 12

Ses origines remontent à la Première Guerre Mondiale.

En Juillet 1912 fut créée la Bl 3, équipée de Blériot, qui devint SPA 3 en Octobre 1917 lors de la perception de SPADs. La SPA 3 termina la guerre avec 171 victoires confirmées. En Janvier 1920, elle devient la 1ère escadrille du 2ème Régiment d'Aviation de Chasse.

La SPA 103 est issue de la VB 3 créée en Novembre 1914, qui se transforma en VB 103 en Mars 1915, puis en N 103 en Février 1916, et enfin en SPA 103. Le capitaine René Fonck (75 victoires, plus grand as allié), fut membre de cette unité. Au total, l'escadrille fut créditée de 108 victoires (Fonck ne les obtint pas toutes lors de son passage dans cette escadrille). En Janvier 1920, elle devient la 3ème escadrille du 2ème RAC et, en Septembre 1933, la 2ème escadrille du GC I/2, créé à Tours, alors que la SPA 3 en devient la 1ère escadrille.Depuis, l'histoire de ces deux escadrilles est commune.

Equipé de Nieuport 62/622, il passe sur Dewoitine D500/501 à partir de Janvier 1937, à Chartres, puis sur Morane-Saulnier 406 C1 en Avril 1939, avant de devenir autonome à la dissolution de l'Escadre à la fin du mois d'Août. Il quitte Chartres pour rejoindre le terrain de Beauvais-Tillé où il s'installe le 27 Août, équipé de 21 MS 406 et d'un Potez 631. En Janvier 1940, il n'a pas encore livré de combat, et va s'installer le 27 à Velaine-en-Haye, près de Nancy, où il est engagé le 1er Avril suivant. Le 11 Avril, on retrouve le groupe sur le terrain de Toul-Ochey. L'attaque allemande l'oblige à se replier sur Damblain, le 14 Mai, où il demeure jusqu'au 12 Juin. Puis les replis s'accélèrent : Dijon, Chalon sur Saône, Montpellier pour atteindre Nîmes-Courbessac le 22 Juin. Suite aux conventions d'armistice, le GC I/2 est dissous le 20 Août 1940, avec un palmarès de 20 victoires confirmées.

Recréé le 1er Juillet 1941 à Châteauroux dans le cadre de l'Armée de l'Air d'Armistice, le Groupe effectue son entraînement sur MS 230 et 406, avant de passer sur Dewoitine D520 et de s'établir en Afrique du Nord très peu de temps avant le débarquement allié du 8 Novembre 1942. La création du Centre d'Instruction de la Chasse, le 5 Décembre 1943, va entraîner la séparation des escadrilles : la SPA 3 embarque le 30 Décembre à Alger pour l'Ecosse, où elle est intégrée à la Royal Air Force en tant que Squadron 329, portant la désignation de Cigognes (et non le nom d'une province, comme les autres unités françaises), fidèle en cela à ses traditions. La SPA 103, devenue Groupe de Chasse II/2 Berry le 16 Janvier 1944, rejoint à son tour l'Ecosse pour y devenir le Squadron 345. Les deux unités sont équipées de Spitfire VB puis IX.

Le Groupe prend part aux grandes actions qui se déroulent sur le front de l'Ouest et, après le débarquement, il soutient les divisions britanniques et canadiennes jusqu'à la victoire finale. Le Squadron 329 revient en France le 19 Août et stationne sur le terrain normand de Sommervieu, près de Bayeux, tandis que le 345 quitte Biggin Hill le 31 Octobre pour s'installer à Courtrai, en Belgique. Tous les deux sont engagés aux Pays-Bas et ils participent aux derniers combats sur le Rhin.

La 2ème Escadre, recréée le 1er Novembre 1945 à Friedrichshafen, réintègre ces deux groupes, qui quittent alors la Royal Air Force dans laquelle ils étaient réunis au sein du 145th Wing.

Le 1er Mars 1946, le Berry est dissous, et les traditions de la SPA 103 sont reprises par la 2ème escadrille du GC I/2. En Juillet 1946, le Groupe part effectuer un tour d'opérations en Indochine, où il combatt avec des Spitfire IX jusqu'en Septembre 1947. De retour à Friedrichshafen, il récupère ses P-47 Thunderbolt en Janvier 1948, s'installe pour peu de temps à Coblence puis se transforme sur De Havilland Vampire Mk V au Centre de Transformation sur Avion à Réaction de Mont-de-Marsan, avions qu'il met en oeuvre depuis sa nouvelle base d'affectation de Dijon à compter du 10 Juin 1949.

Le 1er Octobre 1949, le Groupe change d'appellation pour devenir Escadron de Chasse 1/2 Cigognes. En Juin 1953, l'escadron est transformé sur MD 450 Ouragan. Les Cigognes font alors partie du 1er Commandement Aérien Tactique (1er CATac), sous l'égide de l'OTAN. En Juin 1956 arrivent les premiers Mystère IVA avec lesquels il prend part à l'expédition de Suez en Octobre 1956, au sein du Squadron 199. En Février 1961, il est la première unité transformée sur Mirage IIIC (transformation effective en Décembre de la même année). Fin 1968, il entame sa conversion sur Mirage IIIE, appareil qu'il utilisera jusqu'à l'arrivée du Mirage 2000C en Juillet 1984, devenant ainsi la première unité équipée de ce matériel. Du 1er Juillet 1983 au 31 Août 1991, l'EC 1/2 Cigogne dépend du Commandement Air des Forces de Défense Aérienne, pour ensuite rejoindre la Force Aérienne Tactique (devenue depuis la Force Aérienne de Combat). Dernier changement de monture en date : l'unité est équipée de Mirage 2000 -5F, appareil sur lequel elle est déclarée opérationnelle en été 1999.

A noter enfin la création de la troisième escadrille le 9 Septembre 1994 de l'EC 1/2, à savoir la SPA 12 qui a pour emblème... une cigogne ! Celle-ci avait été créée à Reims en 1912 et dissoute en Août 1919, après avoir remporté plus de 50 victoires pendant la guerre. Recréée en 1934 en tant que seconde escadrille du GC I/6, elle disparaît de nouveau en Août 1940. En Octobre 1952, elle réapparaît en tant que première escadrille de l'EC 1/6 Oranie jusqu'à sa nouvelle dissolution en 1973. Pour les passionnés d'héraldique, cette escadrille n'a pas récupéré son fanion bleu et blanc d'origine, mais une cigogne telle celle figurant sur les SPAD de la Grande Guerre.

Au fait... Saviez-vous que, lorsque vous parlez de la SPA 3, vous devez dire... L'Escadrile, avec un seul L ! En effet, c'est lors du séjour de celle-ci dans les Flandres qu'est née la tradition, depuis respectée, de dire "l'Escadrile" lorsqu'on parle de cette unité, ou quand on porte un toast en son honneur, en imitant ainsi la prononciation particulière des populations flamandes... :-)


EC 2/2 Côte d'Or

L'Escadron de Chasse 2/2 est composé des escadrilles SPA 65, SPA 57 et SPA 94.
 
Ecusson de la SPA 65
Ecusson de la SPA 57
Ecusson de la SPA 94

La MS 57 fut créée à Lyon Bron le 10 Mai 1915. Elle termina la guerre sur SPAD en ayant remporté 75 victoires homologuées. En 1919, elle est envoyée en occupation en Allemagne où elle devient la 7ème escadrille du 2ème Régiment d'Aviation de Chasse en Janvier 1920 puis, à la fin de 1934, la 4ème escadrille du GC II/2 composé des SPA 65 et 57.

La SPA 65 fut créée en Août 1915 sur Nieuport. D'abord implantée à Malzéville, elle prend part aux combats dans la région de Verdun en 1916, puis dans la Somme. Elle perçoit des SPADs en Juin 1917 et est versée au Groupe de Combat n°13, au sein duquel elle termina la guerre avec 108 victoires homologuées. En Janvier 1920, elle devient 5ème escadrille du 2ème RAC, et 3ème escadrille du GC II/2 en 1933, à Tours. Fin 1936, elle est basée à Chartres où elle est transformée sur MS 406 à la veille de la guerre, en même temps que la SPA 57. Le GC II/2 assure ses premières missions de guerre dès le 3 Septembre 1939. L'armistice le surprend sur le terrain de Nîmes, après avoir abattu 17 appareils ennemis et perdu 8 pilotes. Il est dissous en Août 1940.

Les traditions de ces deux escadrilles furent perpétuées par l'EC 2/2 qui exista, dans un premier temps, sous le nom GC III/2 Côte d'Or, reprenant les traditions des SPA 94 et 31 du 1er Octobre 1949 au 1er Mai 1951.

La SPA 94 fut créée le 1er Juin 1917 et dotée de Nieuport 24 avant de percevoir des SPAD en Février 1918. En Janvier 1920, elle devient la 6ème escadrille du 1er Régiment d'Aviation de Chasse puis, en 1924, 7ème escadrille du 34ème Régiment, avant de devenir, le 1er Juillet 1932, la 3ème escadrilles du GC II/1.

En 1920, les SPA 65, 84, 57 et 77 forment le 2ème Groupe du 2ème Régiment d'Aviation de Chasse, basé sur le terrain du Polygone, à Strasbourg. Le 2ème RAC est dissous le 13 Septembre 1933, et reconstitué sous le nom de 2ème Escadre de Chasse, au sein de laquelle les SPA 57 et 65 forment toujours le 2ème Groupe, stationnant successivement à Tours sur Nieuport-Delage 62/622, puis à Chartres à partir de Décembre 1936 où il est rééquipé de Dewoitine D500/501. Transformé sur MS 406 en Mai 1939 et autonome en Août, il s'installe à Clermont-les-Fermes, qu'il quitte le 14 Octobre pour Soissons, où il stationne jusqu'au 8 Avril 1940 et obtient ses premières victoires. Engagé d'abord sur la Meuse, il poursuit la Campagne de France à l'est, à partir du 22 Mai, puis se replie vers le sud devant la poussée allemande. A la signature de l'armistice, il se trouve sur le terrain de Nîmes-Courbessac. Il est finalement dissous le 23 Août 1940. A la fin des combats, le groupe a remporté 39 victoires pour la perte de 6 pilotes.

Le 1er Octobre 1949, l'Escadron de Chasse 3/2 Côte d'Or est créé à Dijon sur Vampire FB5, composé des escadrilles SPA 31 Archer et SPA 94 Mort qui fauche. Or ces unités appartenaient à la 1ère Escadre de Chasse... Les pilotes, soucieux de maintenir les traditions de la Chasse, désirent reprendre les traditions de la Chimère et de la Mouette. Un an plus tard, le Ministre accède à cette demande, et le 1er Octobre 1950, le Côte d'Or renoue avec ses traditions d'avant-guerre, celles des escadrilles SPA 65 Chimère et 57 Mouette. Il reprend le nom de 2/2 le 1er Mai 1951, tandis que l'Alsace devient le 3/2.

En 1953, il est équipé d'Ouragan, auxquels succedent les Mystère IV en 1956, qui sera le premier avion à réacteur français à ouvrir le feu lors de l'affaire de Suez, en Octobre 1956. Le 10 Novembre 1957, l'unité est dissoute, suite au transfert de nombre de ses pilotes pour former les Escadrille d'Aviation Légère d'Appui en Afrique Française du Nord.

Recréé sur Mirage IIIC le 1er Avril 1965, avec les appareils hérités de la 13ème Escadre de Chasse (ceux-ci ayant été remplacés par des Mirage IIIE), il reprend tout d'abord les traditions de la seule SPA 65, constituée initialement de pilotes expérimentés venant des deux autres escadrons de la Deux. La SPA 57 n'est mise sur pied qu'en Juin, une fois que le personnel navigant et au sol est en nombre suffisant. L'escadron assure d'abord des missions de défense aérienne. Le pilotage d'un avion delta étant assez complexe pour les nouveaux jeunes pilotes, il est décidé de créer une unité spécialisée dans la formation des pilotes de ces appareils. C'est ainsi que l'EC 2/2 est désigné en Avril 1966 pour assurer la transformation opérationnelle des pilotes de Mirage III. Equipé de Mirage IIIB et IIIC puis de IIIBE (une quinzaine d'appareils à partir d'Avril 1971), il prend la dénomination d'Escadron de Chasse et de Transformation ECT 2/2 Côte d'Or le 31 Octobre 1968, ayant porté le nom de Centre d'Instruction Mirage (CIMir) pendant toute cette période. On connaît également l'Escadron sous le nom d'Académie du Mirage...

Face à l'afflux de commandes de Mirage III par des clients étrangers après les succès israéliens remportés lors de la guerre des Six Jours en 1967, une troisième escadrille est créée au sein de l'ECT 2/2 : elle voit le jour le 6 Octobre 1972 et reprend les traditions de la SPA 94. Il faut en effet noter que l'Académie du Mirage ne formera pas uniquement que des pilotes de l'Armée de l'Air; en effet, plus de deux cents pilotes étrangers, venant d'une qunizaine de pays différents, auront appris le vol sur Mirage en Bourgogne.

Les Miareg IIIC sont reversés en Octobre 1975 : le 2/2 ne possède plus d'appareils permettant de lâcher des pilotes sur monoplace. Cependant, en 1983, quelques Mirage IIIR, anciennement de l'Escadron de Reconnaissance 2/33 Savoie alors en cours de transformation sur Mirage F1CR, viendront compléter le parc de l'unité et permettre de nouveau des lâchers en solo.

Le 20 Juin 1986 a lieu le dernier vol d'un Mirage IIIBE au sein de l'ECT 2/2 qui lègue ses appareils à l'Escadron de Chasse 1/13. Une nouvelle étape est franchie avec la perception de Mirage 2000B. La mission de transformation continue donc, mais cette fois sur un nouvel appareil. Le 1er Juillet 1986, l'escadron quitte la FATac pour le CAFDA et devient Escadron de Chasse 02.002 Côte d'Or. Il continue cependant sa mission de transformation, dorénavant complétée par l'apprentissage délicat du ravitaillement en vol.

Cette mission prend fin le 19 Juin 1998 et est dorénavant l'apanage de l'EC 2/5 Ile de France à Orange. L'escadron devient une unité de chasse à part entière. Les appareils biplaces du 2/2 serviront à équiper le 2/5 alors que les monoplaces d'Orange seront affectés en retour à Dijon, avant de percevoir des Mirage 2000-5F. A noter que certains pilotes du 2/2 ont été réaffectés à Orange, notamment les présentateurs du Mirage 2000. Il fut intéressant de remarquer, je crois que c'était à la Journée Portes Ouvertes de la base de Luxeuil, la fabuleuse démonstration du capitaine Langlais, à l'issue de laquelle on a pu constater qu'il portait ses insignes d'unité du 2/2 alors qu'il venait de piloter un appareil du 2/5 !


EC 3/2 Alsace

L'Escadron de Chasse 3/2 Alsace est composé des escadrilles Strasbourg, Mulhouse et Colmar.
Ecusson du Squadron 341 Alsace

Constitué sous les ordres du Commandant Tulasne le 15 Septembre 1941 sur le terrain de Rayak au Liban à partir des éléments du Free French Flight 2 et de l'Escadrille de Chasse numéro 1, composé des escadrilles Strasbourg et Mulhouse, initialement équipé des 14 Morane-Saulnier 406 du GC I/7, lequel avait été dissous après son ralliement aux Forces Aériennes Françaises Libres, il participe, pendant près d'un an, à la défense de la Palestine, de l'Egypte et de la Libye avec des Hurricanes I fatigués, contre les Messerschmitt Bf-109F qui appuient les troupes de l'Afrikakorps de Rommel. Deux pilotes seront perdus au cours de la seconde moitié du mois de Juin 1942.

Après la bataille d'El-Alameïn, le groupe, sous les ordres dorénavant du commandant Pouliquen, est affecté à la défense d'Alexandrie jusqu'au début du mois de Septembre 1942. C'est à cette période que le groupe perçoit des Hurricane Mk II. Début Octobre 1942, après 500 missions de guerre et 19 victoires confirmées, il quitte le Proche-Orient pour l'Angleterre.

Reformé le 21 Janvier 1943 à Turnhouse, en Ecosse, en tant que Squadron 341 (Free French) sous les ordres du Commandant Mouchotte, il rejoint Biggin Hill le 20 Mai 1943, équipé de Spitfire IX, et participe à des missions de chasse sur le nord-ouest de la France et de la Belgique. La première victoire du groupe fut obtenue le 14 Mai par le Capitaine Christian Martell, contre un FW 190 dans la région de Dixmude. Le lendemain, toute la base était en effervescence : en effet, l'on s'approchait du nombre magique de 1 000 chasseurs abattus depuis le début du conflit par l'Escadre de Biggin Hil. Lors d'un affrontement entre les Siptfire des squadrons 611 et 341 et les FW 190 du I/JG2, chaque squadron leader abattit un appareil ennemi : les 1 000 étaient dépassés; ùais comme il était impossible de déterminer précisément chronologiquement lequel avait obtenu la millième victoire, le prix (de 700 livres de l'époque) fut partagé entre les deux pilotes... Le 27 Août 1943, le commandant Mouchotte ne rentre pas de la mission d'escorte de B-17 Forteresses Volantes affectée à l'Alsace. Il sera remplacé deux jours plus tard par le Commandant Dupérier, lui-même remplacé par le Capitaine Martell lorsqu'il sera promu Commandant de l'Escadre de Biggin Hill, le 25 Septembre suivant.

Le groupe fut très actif pendant toute la durée de la guerre et prit part aux grandes opérations au sein du Wing 145 qui regroupait les GC Cigognes, Ile de France et Berry. Il est également le premier groupe français à opérer depuis la France, le 13 Juin 1944. En Septembre, il stationne successivement à Abbeville, Lille, puis en Belgique : on le retrouve le 25 Novembre à Anvers. Il y subit de nombreuses attaques de V2, lesquelles causeront la mort de plusieurs personnels et la destruction au total d'une trentaine d'appareils. Le 17 Avril 1945, il s'installe à Lingen, en Basse-Saxe, et termine la guerre à Fassberg. Il termine la guerre avec 27 victoires confirmées, 600 locomotives et véhicules détruits pour la perte de 31 pilotes. Le groupe est titulaire de 7 citations à l'ordre de l'Armée Aérienne, décoré de la Légion d'Honneur, de la Croix de la Libération, de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre. Le 8 Novembre 1945, il quitte Fassberg et la RAF pour retourner dans l'Armée de l'Air et rejoint les Cigognes de la 2ème Escadre de Chasse à Friedrichshafen où il devient le GC III/2 Alsace.

Le 22 Juin 1946, le Groupe s'enrichit de la venue des pilotes du GC Saintonge récemment dissous avant d'embarquer à Marseille 8 jours plus tard à destination de l'Indochine, où il arrive le 3 Août. Il y opère avec ses Spitfire. Jusqu'en Octobre, il effectue des missions de défense côtière du Sud Annam et réalise des missions d'appui au profit de l'infanterie en Cochinchine. Il se trouve à Saïgon le 2 Novembre lorsque la trêve qui venait d'être conclue avec HO-Chi-Minh est rompue par le coup de force réalisé par ses troupes au Tonkin. Quelques avions opérent depuis le terrain de Tourane, à partir duquel ils vont participer à la délivrance des troupes de la garnison de Hué, tandis que le reste de l'unité fait mouvement sur Nha-Trang qui devient sa base principale. On voit l'Alsace intervenir au Laos, à Dong-Hoï et à nouveau à Tourane. Des missions de reconnaissance armée sont également effectuées le long de la côte d'Annam jusqu'à sa relève le 16 Septembre 1947 par le GC I/4 Dauphiné. Lors de son séjour indochinois, l'Alsace a effectué 3 000 sorties, dont 625 de bombardements, pour un total de 3 800 heures de vol.

Fin Octobre 1947, il retourne sur son ancien terrain de Friedrichshafen en Allemagne et récupère les P-47 de la 4ème Escadre, maintenant en Extrême-Orient. Il stationne également pendant quelque temps sur la base de Coblence. En Avril 1949, il effectue un court séjour au Centre de Transformation sur Avion à Réaction (CTAR) de Mont-de-Marsan pour apprendre à utiliser sa nouvelle monture, le Vampire FB5, puis il rejoint la base aérienne de Dijon en Juillet 1949. Le 1er Octobre de cette même année, l'unité prend le nom d'Escadron de Chasse 2/2 Alsace. En 1950, il constitue une patrouille acrobatique sur Vampire.

Le 1er Mai 1951, l'Alsace retrouve sa numérotation 3/2 et se transforme sur MD 450 Ouragan en Juillet 1953. En Novembre 1955, quelques uns de ses appareils sont convoyés en Israël. En Mai 1956, il perçoit des Mystère IVA avec lesquels il participe à l'expédition de Suez en automne de la même année. Quelques pilotes seront détachés dans les Escadrilles d'Aviation Légère d'Appui, en Algérie, pour une année; deux n'en reviendront pas.En 1957, l'Escadron est chargé de mettre en oeuvre la Patrouille de France, sous les ordres du Lieutenant Capillon.

Le 11 Décembre 1961, il devient le second escadron équipé de Mirage IIIC, qu'il gardera jusqu'à leur remplacement par des Mirage IIIE à partir de Juin 1968 (ceux-ci seront les premiers à équiper une unité de l'Armée de l'Air). A noter que l'Escadron possède également deux biplaces Mirage IIIB, destinés à la transition opérationnelle, qui seront reversés au Côte d'Or en 1965.

En Septembre 1985, l'Alsace devient le second escadron de l'Armée de l'Air à être déclaré opérationnel sur Mirage 2000C RDM.

Le 31 Juillet 1993, l'Escadron de Chasse 3/2 Alsace est dissous sur la base de Dijon. Il est recréé en tant qu'Escadron de Chasse 3/13 Alsace sur la base de Colmar, équipé de Mirage F1CT : après 50 ans de vie commune avec les Cigognes, les deux unités cessent de cohabiter sur la même base. Il y retrouve le Normandie-Niemen, devenu EC 1/13. Enfin, en Juin 1995, il devient EC 1/30 Alsace.

A noter que ses escadrilles, créées lors du dernier conflit mondial, n'ont pas de traditions héritées de la Première Guerre Mondiale. Les insignes correspondants ne sont portés ni sur les avions, ni par le personnel.
 
Implantations successives de la 2ème Escadre de Chasse depuis 1945

 
Friedrichshafen de 1945 à l'été 1946
Extrême-Orient de l'été 1946 à la mi-Septembre 1947
Friedrichshafen puis Coblence de début 1948 à 1949
Dijon depuis 1949

 
Avions successivement utilisés par la 2ème Escadre de Chasse

 
Spitfire Mk IX et X1 de 1943 à 1948
P47D Thunderbolt de 1948 à 1950
de Havilland Vampire FB5 de 1950 à 1953
MD 450 Ouragan de 1953 à 1956
Mystère IVA de 1956 à 1961
Mirage IIIC de 1961 à 1968
Mirage IIIB (ECT 2/2) de 1962 à 1971
Mirage IIIE de 1968 à 1984
Mirage IIIBE (ECT 2/2) de 1971 à 1986
Mirage IIIR (ECT 2/2) de 1983 à 1986
Mirage 2000 depuis le 2 Juillet 1984

 
Appellations successives des escadrons de la 2ème Escadre de Chasse

 
EC 1/2 Cigognes  
GC I/2 Cigognes jusqu'au 30 Septembre 1949
EC 1/2 Cigognes depuis le 1er Octobre 1949
EC 2/2 Côte d'Or  
GC II/2 Alsace jusqu'au 30 Septembre 1949
EC 2/2 Alsace du 1er Octobre 1949 au 1er Octobre 1950
EC 2/2 Côte d'Or du 1er Octobre 1950 à Octobre 1957
EC 2/2 Côte d'Or d'Avril 1965 au 31 Octobre 1968
ECT 2/2 Côte d'Or du 31 Octobre 1968 au 27 Juin 1986
EC 2/2 Côte d'Or depuis le 27 Juin 1986
EC 3/2 Alsace  
GC III/2 Berry jusqu'en Avril 1946
EC 3/2 Côte d'Or du 1er Octobre 1949 au 1er Octobre 1950
EC 3/2 Alsace du 1er Octobre 1950 au 12 Octobre 1993
EC 3/13 Alsace du 13 Octobre 1993 à Juin 1995
EC 1/30 Alsace depuis Juin 1995

 
Escadrons ayant appartenu à la 2ème Escadre de Chasse

 
GC IV/2 Ile de France (deviendra le GC II/5) jusqu'en Avril 1946
EC 4/2 Coq Gaulois du 1er Octobre 1949 au 1er Octobre 1950
GC II/18 Saintonge jusqu'en Avril 1946

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